
Décembre 2018, je pars rejoindre ma sœur en Bulgarie, le temps de quelques jours. Nous nous sommes rendus à Bachevo, un petit village situé dans le sud-ouest du pays. De prime abord, une commune qui n’avait en soit rien d’attrayante. Cependant, dès mon arrivée, j’ai été immédiatement subjuguée. Le temps là-bas est arrêté. Le bruit, quasiment inexistant, laisse le champ libre à la contemplation. J’y ai découvert une nouvelle beauté, presque pesante, une beauté qui envoûte. Comme un voile qui se pose sur la scène présente sous nos yeux et fige l’instant que l’on regarde.
Avec elle, la découverte d’un paysage, d’un visage, est inédite. La lumière tourne autour de chaque élément, c’est comme si elle arrivait, non pas seulement du ciel, mais de toutes les directions à la fois. Ce n’est pas simplement une beauté visuelle, c’est un tout. Elle nous prend comme elle envoûte le paysage devant nous. On fait partie du tableau, plus que l’on en est le spectateur. C’était assez troublant mais très émouvant. Bachevo a sa propre beauté et elle m’a permis de la découvrir. J’ai ainsi pu, portée par ce « magma », déambuler dans les rues, les chemins, aborder ses maisons et ses habitants. Ils m’ont fait partager leur tradition, leur intimité. L’accueil est d’une extrême importance pour eux. Il n’y a pas de place à la gêne ou l’inconfort, en quelques secondes on est avec eux, chez eux et on s’y sent bien.
Cependant, et comme beaucoup d’autre villages bulgares, celui-ci est très pauvre et s’abandonne petit à petit. Ceci est en partie dû à la négligence du phénomène de néo-ruralité ainsi qu’à la non prise en charge des ainés. Ils se dépeuplent petit à petit et personne ne sait vraiment ce qu’ils vont devenir. Je garde ainsi avec moi ces images, ces âmes et ces visages. En les partageant, peut-être que je ne serai pas la seule à ne pas les oublier. Car finalement, on a un peu tous connu un village comme Bachevo