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RELIEES_0

Née en 1991, je fais partie de la génération millenial, mais c’est vers la Gen Z que je me suis tournée, animée par le désir de comprendre ce qui façonne les jeunes femmes d’aujourd’hui dans leur construction identitaire. Ce projet est né d’un besoin de relier : relier ce que je suis à ce que j’ai été, relier des femmes qui ne se connaissaient pas encore, relier l’adolescence à l’âge adulte, cet entre-deux instable et vibrant qu’on traverse sans toujours savoir qui l’on devient. Célia, Amaya, Exaucé, Luna et Amina ont été rencontrées grâce à un casting sauvage. Cinq jeunes femmes lumineuses qui ont accueilli le projet ainsi que mon équipe, avec une grande générosité. Dès les premiers échanges, uniquement par messages et vocaux, une forme de proximité s’est imposée, presque comme une évidence. Une complicité immédiate, une confiance douce, fragile mais fondatrice. Elles m’ont offert leurs histoires, leurs espaces, leurs gestes du quotidien. Leurs chambres filmées, leurs vêtements choisis, leurs doutes partagés. À partir de ces fragments intimes, nous avons reconstruit leurs univers avec une fidélité presque documentaire. Le jour du tournage, cette connexion s’est incarnée. Même sans s’être vues auparavant, une sororité naturelle a émergé, subtile et puissante. Il y avait de l’écoute, de la bienveillance, une forme d’intelligence collective spontanée. Travailler entre femmes a rendu possible cette énergie rare, cette attention à l’autre, cette douceur profonde. Ce projet s’est construit dans le temps. Un temps long, nécessaire pour faire naître une vraie complicité, une confiance réciproque, une cohésion sincère. Ce n’était pas seulement un tournage, mais une rencontre humaine. C’est également une volonté de créer des ponts : entre documentaire et mise en scène, entre spontanéité du réel et précision d’un langage visuel assumé, entre deux âges de la vie, et peut-être aussi entre deux états d’être. Dans chaque tableau, les jeunes femmes apparaissent dans un moment suspendu, à mi-chemin entre mouvement et immobilité, comme figées dans une pa- renthèse. Un geste en attente, un regard qui se perd, une respiration silencieuse. Ce sont ces instants de flottement que j’ai voulu capter, ces creux du quotidien où s’expriment, sans mots, les bouleversements intérieurs. Ce projet est une ode à cette quête de soi qu’est l’adolescence, dans ce qu’elle a de plus universel, de plus fragile, de plus incarné. Un hommage à celles que nous avons été, à celles que nous sommes, à celles que nous devenons.